Télérama Sortir du 16/10/19 ; Frank Black évoque l’écriture de notre film en production : Frank Black : “J’adore Erik Satie et… la choucroute de la mer”
« Dans la discographie des Pixies, il fait souvent référence à notre beau pays. Le leader de Pixies se nourrit de culture française, et il le prouve, à l’occasion du concert parisien de son groupe de rock culte.
D’une manière générale, êtes-vous inspiré par Paris ou la France ?
A propos de Paris, je pourrais vous parler de tous les mouvements artistiques qui ont prévalu au tournant du XXe siècle, le dadaïsme, le surréalisme, l’art moderne, abstrait… Tout cela a eu une influence indéniable sur la culture moderne en général, et la mienne en particulier. Quand on lit la littérature de cette époque, on en revient souvent à Paris. L’un de mes artistes français préféré reste Erik Satie. Sa musique est somptueuse, bouleversante et aussi fondatrice que celle des Beatles. J’admire aussi Satie pour la manière de vivre qu’il a eu, entièrement vouée à son art. (…)
Les disques des Pixies comportent souvent des références à la France Pourquoi ?
Saint-Nazaire, c’est un peu la même histoire que pour mon allusion au Massif central dans la chanson Show Me Your Tears. A savoir que le personnage sort d’une histoire sentimentale ratée et s’interroge sur son avenir. « I’m gonna go to Saint-Nazaire »(« J’irai à Saint-Nazaire »), décide-t-il, car c’est un endroit un peu sombre, lugubre. Je connais la ville pour y être allé lors d’une tournée, et j’ai trouvé l’ambiance vraiment particulière. Ça m’a beaucoup plu. Le personnage s’imagine vivre une existence entre débauche et créativité, à la Charles Bukowski. Globalement, je me nourris des endroits que je visite. Voilà pourquoi ces références.
“J’avais depuis longtemps cette idée d’un road trip en environnement fermé, coincé entre deux péages”
Quand vous venez à Paris, quel est l’endroit où vous aimez flâner ?
Je n’ai pas vraiment le loisir de choisir où je vais flâner ! Aujourd’hui, mon hôtel est près du jardin du Luxembourg, donc j’y suis allé rencontrer un ami cinéaste pour discuter d’un film sur lequel nous travaillons.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
Je l’écris avec Louis Collin, un réalisateur français coauteur d’un clip pour les Pixies. Cela s’intitule Les Prisonniers du péage et raconte l’histoire d’un rocker américain qui vit esseulé à Nantua, une petite ville au sud du Jura, à deux pas de la Suisse. Sa carrière est derrière lui, et un Anglais est employé par ses proches pour le sortir de sa retraite. Accompagnés d’un cameraman, ils se lancent dans un long road trip, qui consiste à rouler sur les milliers de kilomètres du réseau autoroutier français, sans jamais en sortir. J’avais depuis longtemps cette idée d’un road trip en environnement fermé, coincé entre deux péages. Le scénario se veut une relecture du mythe de Thésée et le Minotaure. J’interpréterai le personnage du rockeur américain, inspiré de ma vie. Il est possible que je signe aussi la bande originale. J’espère finir le script prochainement. »